Depuis les attaques du 7 octobre, les demandes de permis de porter une arme ont triplé en Israël. La Cisjordanie, territoire palestinien, connaît aussi une montée des tensions entre les colons israéliens et la population palestinienne.
En Israël, 50 000 demandes ont été accordées en quelques jours pour le port d’arme. Au total, 400 000 devraient être déposées, selon les estimations du gouvernement qui a changé les critères d’obtention afin qu’ils soient moins contraignants, précisent nos envoyés spéciaux à Efrat, village de Cisjordanie occupée, Boris Vichith et Clea Broadhurst.
« Avant l’attaque, on avait entre cinq et sept personnes par semaine qui venaient acheter une arme. Depuis l’attaque, on est passés à vingt personnes ou plus par jour », explique Aviad qui travaille chez Calibre 3, un stand de tir et d’entraînement et magasin de vente d’armes aux abords d’Efrat.
Aujourd’hui, il conseille les gens qui viennent s’entraîner pendant cinq heures minimum avant de repartir avec une arme. C’est le cas de Shalom, un universitaire de Jérusalem qui portait une arme il y a des années de ça : « J’avais une arme dans le passé, mais je l’avais rendue à la police, car je trouvais que je la gardais davantage qu’elle ne me protégeait, mais maintenant les conditions ont changé. »
Sara, enceinte de son septième enfant, est venue acheter une troisième arme. Son mari réserviste ne quitte pas son fusil automatique. « Tout le monde en Israël doit à présent avoir une arme, pour se protéger, pour protéger sa famille. L’armée ne suffit pas. C’est très difficile pour moi émotionnellement. Utiliser une arme, si puissante, c’est stressant, je n’aime pas ça. »
Malgré cette nette augmentation des ventes d’armes, Aviad espère un futur meilleur : « J’espère avoir de moins en moins de clients, nous voulons que les gens soient sûrs de ce qu’ils font, et qu’ils soient sûrs des raisons pour lesquelles ils font ça. Mais quand vous demandez aux gens pourquoi ils obtiennent leur permis, ils ne veulent pas le faire, mais ils ont l’impression qu’ils n’ont pas le choix. »
Les communautés bédouines victimes d’attaques des colons
Ailleurs en Cisjordanie, les colons ont attaqué des communautés bédouines, entraînant le déplacement de plusieurs centaines de Palestiniens, rapportent nos envoyés spéciaux en Cisjordanie, Nicolas Bénita et Guilhem Delteil.
Au sol, des panneaux solaires brisés, des chaises renversées, des appareils électro-ménagers cassés. Les bâtiments – déjà très précaires – ont été tout ou partiellement détruits. La communauté bédouine de Wadi Siq, qui abritait 240 personnes et 2 500 têtes de bétail, a été attaquée par des colons le 12 octobre dernier. Des « terroristes » dit Guy Hirschfeld, le fondateur de l’organisation Regardons l’occupation dans les yeux : « Les terroristes sont venus à vingt ou plus avec des voitures et la plupart des Palestiniens se sont enfuis et depuis ils ont même peur de venir récupérer leurs affaires. »
Et l’histoire de Wadi Siq n’est pas unique, souligne Guy Hirschfeld : « Les terroristes, les colons, tirent bénéfice de la guerre pour nettoyer les zones rurales de Cisjordanie des non-juifs. »
Plus à l’est, au fond de la vallée du Jourdain, la communauté de Marajaat, elle, est toujours sur ses terres. Mais elle fait l’objet d’un harcèlement quotidien, explique Alia Mlihat, une des habitantes : « Nous sommes assiégés et terrifiés, car depuis le début de la guerre, les colons ont commencé à porter des uniformes militaires et à avoir des armes. Ils entrent dans le village. Ils terrorisent les enfants et les femmes. Nous sommes assiégés par eux. Nos vies sont difficiles, très difficiles. »
Intimidation de colons qui passent au milieu de la communauté, intrusion dans leur domicile et les menaces d’emprisonnement : fatigués et effrayés, les habitants de Marajaat demandent une intervention de la communauté internationale.
rfi
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