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Côte d’Ivoire : le secteur du bâtiment en colère

Ils sont nombreux ces ivoiriens qui ont tout perdu en quelques minutes. Le désespoir se lit dans les regards qui contemplent encore les restes de cet immeuble R+4 qui s’est écroulé sur ses habitants à Abidjan. C’est le deuxième incident du genre en une semaine dans la capitale économique. 13 personnes ont trouvé la mort.

A qui la faute s’interroge Aziz Moudjib, une des victimes de ces effondrements dans la Commune de Cocody : “Nous lançons un appel à toutes les autorités, au gouvernement de Côte d’Ivoire. Si la qualité des matériels de construction n’est pas bonne ou si ce sont les ouvriers qui travaillent mal. Il faut mettre en place un système de contrôle avant de monter un bâtiment R+3. Ces temps-ci, les bâtiments tombent à gauche et à droite. Pourquoi ? A qui la faute ? C’est la question qui se pose.”

La société civile invite aujourd’hui le gouvernement ivoirien à assumer ses responsabilités.

“Les uns et les autres se rejettent les responsabilités, constate Issiaka Diaby, président de l’association des victimes en Côte d’ivoire. Aujourd’hui, on n’arrive pas à savoir qui est responsable, qui est fautif. Mais à notre niveau nous estimons que l’Etat est largement coupable. Il dispose d’institutions, il possède des leviers pour veiller à ce que tous les produits de consommations mis sur le marché ivoirien soient de qualité.”

Près de 80% des constructions sans permis de construire
Des ivoiriens s’organisent sur les réseaux sociaux pour dénoncer les bâtiments à risque., comme cette villa basse transformée en si peu de temps en un immeuble R+ 4 dans la commune de Koumassi au sud d’Abidjan.

Nahounou Daleba, l’un des initiateurs de ce projet d’alerte, tient le gouvernement pour complice de la situation. “J’ai commencé par dénoncer un immeuble, initialement résidence basse. Pas parce ce que cet immeuble ne respecte pas les normes mais parce que nous voulons être rassurés. Qu’il ne devienne pas lui aussi un immeuble de la mort.”

Une fois les larmes séchées, les survivants doivent tout reconstruire. Souvent, ils repartent de zéro. Ainsi les immeubles qui se sont récemment effondrés avaient été construit sans autorisations officielles.

Abidjan, en pleine croissance démographique et économique, connaît une explosion des constructions ces dernières années, parfois de manière anarchique et sans autorisations officielles. Ainsi, 80% des constructions ne disposeraient pas de permis de construire.

“Le phénomène des effondrements d’immeubles persiste en raison de la violation constante des normes de construction et d’urbanisme”, a reconnu Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement.

Lors du conseil des ministres, plusieurs mesures ont été adoptées pour renforcer la surveillance des bâtiments, notamment la mise en place d’une “brigade de contrôle” et des sanctions administratives contre les responsables qui laissent des travaux “non régularisés” se poursuivre.

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