Des rebelles de Casamance (sud du Sénégal) ont libéré lundi en Gambie voisine sept soldats sénégalais qu’ils retenaient prisonniers depuis un affrontement meurtrier le 24 janvier, ont constaté des correspondants de l’AFP.
Les soldats sénégalais, membres de la mission militaire ouest-africaine en Gambie (Ecomig), ont été convoyés par des rebelles en un lieu proche du village gambien de Bajagar, où les attendaient des représentants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’armée gambienne et de l’organisation catholique italienne, Sant’Egidio, qui a joué les médiatrices.
Les soldats sont partis à bord de véhicules de la Croix-Rouge. Celle-ci avait pu rendre visite aux captifs pendant leur détention, leur prodiguer des soins ponctuels et faire passer des nouvelles à leur famille, a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Ils sont “dans un bon état physique général”, a indiqué l’état-major sénégalais dans un communiqué.
Ils avaient été capturés au cours d’un affrontement le 24 janvier par des hommes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MDFC), qui se bat depuis 1982 contre les forces sénégalaises pour l’indépendance de cette région. Quatre soldats sénégalais avaient été tués, selon l’armée sénégalaise, au cours de ce qui est l’un des plus sérieux accrochages depuis des années dans le vieux conflit casamançais.
Le chef du MFDC, Salif Sadio, a déclaré la semaine dernière que les soldats sénégalais venus de Gambie avaient traversé la frontière et attaqué ses bases en Casamance.
L’armée sénégalaise a, elle, assuré que la confrontation avait eu lieu au cours d’une opération contre le trafic de bois, auquel elle accuse les rebelles casamançais de prendre part. Une mission de vérification de la Cédéao, des forces gambiennes et du détachement sénégalais a confirmé que “l’attaque s’était bien déroulée en territoire gambien”, a dit l’état-major sénégalais.
“Au nom du général Salif Sadio, qui, pour des raisons personnelles, n’a pas pu être présent aujourd’hui, le MFDC libère les sept otages sénégalais”, a déclaré, lors de la cérémonie de libération, Alouseyni Sagna, un porte-parole du MFDC, mouvement éclaté en plusieurs factions politiques et militaires dont une, armée, est dirigée par M. Sadio.
L’un des représentants de la Cédéao, Claude Kondor, a rapporté que le MFDC n’avait réclamé aucune contrepartie.
Salif Sadio lui avait dit son intention de libérer les prisonniers sans rien demander quand ils se sont rencontrés, “et c’est exactement ce qu’il a fait”, a dit M. Kondor, parlant de “signe de paix au sein de la Cédéao”.
Un responsable du MFDC, Pape Sané, a cependant prévenu au cours de la même cérémonie que l’organisation ne supporterait pas d’intrusion de forces sénégalaises sous couvert d’Ecomig sur ce qu’elle considère comme ses terres.
– montres du Sénégal-
“Ces prisonniers ont dit qu’ils étaient de l’Ecomig, mais sur leurs montres est inscrit Sénégal, ce qui veut dire qu’on nous a attaqués”, a-t-il dit. “Salif prévient que cela ne doit pas se reproduire”, a-t-il ajouté.
L’armée sénégalaise reste “plus que jamais déterminée” à préserver l’intégrité du territoire sénégalais et à “poursuivre la lutte contre les trafics illicites”, a dit l’état-major.
Les hommes de Salif Sadio avaient déjà libéré en décembre 2012 cinq soldats sénégalais capturés un an plus tôt lors d’une attaque contre un cantonnement militaire dans la localité de Kabeum, à 60 km au nord-ouest de Ziguinchor. La communauté Sant’Egidio avait déjà joué les médiatrices à l’époque.
La Casamance est le théâtre d’un des plus vieux conflits d’Afrique depuis que des indépendantistes ont pris le maquis après la répression d’une marche en décembre 1982.
Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l’économie, le conflit a persisté à basse intensité. Le Sénégal s’emploie à normaliser la situation et a entrepris de réinstaller les déplacés.
Les rebelles casamançais ont par le passé trouvé refuge et même soutien de l’autre côté de la frontière en Gambie ou en Guinée-Bissau.
Les forces sénégalaises fournissent l’essentiel des effectifs de l’Ecomig, de plusieurs centaines de soldats.
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