Le président français et le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui mettent en scène leur opposition depuis cinq ans, ont trouvé des points de convergence pour lutter contre l’immigration ou promouvoir l’énergie nucléaire. Le principal sujet de contentieux entre les deux hommes reste le respect de l’État de droit, des minorités et la corruption en Hongrie.
Viktor Orban l’affirme : la question de l’État de droit a été « passionnément discutée » avec Emmanuel Macron. Des discussions, mais qui n’ont pas fait avancer les choses, résume notre envoyé spécial à Budapest, Anthony Lattier.
Bruxelles ne veut pas verser l’argent du plan de relance européen qui est dû à la Hongrie tant que rien n’est fait pour lutter contre la corruption. « Un chantage inacceptable », dénonce le Premier ministre hongrois en conférence de presse.
Pas d’avancée dans l’attente des élections
À ses côtés, Emmanuel Macron constate des désaccords, mais veut sortir du blocage : « Est-ce que l’on va tout régler dans les quinze jours, les trois semaines ou les six mois ? Je ne crois pas. J’espère simplement que les prochains mois nous permettront de progresser. Et je pense qu’il y a un chemin. Vous voyez, je suis un indécrottable optimiste. »
Mais le président français le dit aussi : rien n’avancera d’ici aux élections hongroises d’avril prochain. Et même si devant la presse il dit refuser de s’immiscer dans la politique intérieure du pays, Emmanuel Macron a tenu à s’entretenir avec l’opposition hongroise. Le message aux électeurs est clair : si vous voulez que ça change, vous savez pour qui il ne faut pas voter.
Une visite française en forme d’atout électoral pour Orban
De son côté, Viktor Orban compte tirer profit de cette visite du président français pour les élections. Car le chef du gouvernement est déjà en campagne électorale, et il compte bien se faire réélire aux législatives du printemps prochain. À quelques mois des élections hongroises, la visite d’Emmanuel Macron est un atout pour Viktor Orban car elle lui permet de montrer que la Hongrie est un pays qui compte, explique notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère.
En tout cas, les médias pro-gouvernementaux présentent l’événement comme un succès pour le Premier ministre hongrois. Le Magyar Nemzet, quotidien proche du pouvoir, affirme ainsi : « Emmanuel Macron a besoin d’un allié, et il a reconnu qu’il fallait des changements dans la politique migratoire de l’Europe. » Autrement dit, le président français a reconnu que Viktor Orban avait raison. Un autre journal pro-gouvernemental constate que « Viktor Orban et Emmanuel Macron sont d’accord : si on veut une Europe forte, il faut renforcer la protection des frontières ».
Quant au média conservateur Mandiner, il profite de l’occasion pour critiquer les dirigeants de l’opposition. Ces derniers ont rencontré le président français à l’Ambassade de France de Budapest, dans un salon décoré de drapeaux français européens. « Il n’y avait même pas de drapeau hongrois », ironise le journal pro-Orban, comme pour souligner le manque de patriotisme de l’opposition hongroise.
rfi