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Burkina: plusieurs blessés à Ouagadougou dans des manifestations contre le pouvoir

Plusieurs personnes, dont un enfant et deux journalistes, ont été blessées samedi dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, lors d’incidents qui ont éclaté après la dispersion de centaines de manifestants dénonçant l'”incapacité” du pouvoir à contrer la violence jihadiste qui ravage le pays.

Dans la matinée, les policiers anti-émeute ont tiré du gaz lacrymogène pour empêcher les manifestants de se rassembler place de la Nation, dans le centre de la capitale burkinabè quadrillé par un important dispositif de sécurité, où tous les commerces étaient fermés, a constaté un journaliste de l’AFP.

Après cette dispersion musclée, des jeunes ont dressé des barricades de fortune et brûlé des pneus dans plusieurs quartiers de la capitale.

Des manifestants ont également vandalisé une partie de la direction de l’état-civil, après avoir tenté d’incendier le bâtiment de la mairie de Ouagadougou, dont le maire avait interdit les manifestations.

Au cours des violences, un enfant de moins de 10 ans a été blessé par des tirs de gaz lacrymogène et remis par les manifestants à une unité anti-émeute de la gendarmerie, a constaté l’AFP.

Deux journalistes burkinabè ont également été blessés lors de tirs de gaz lacrymogène, ont annoncé leurs médias, la radio privée Omega et le site en ligne Filinfos, sans qu’on sache la gravité de leurs blessures.

Un porte-parole de la “Coalition du 27 novembre” qui avait appelé à manifester, Hervé Ouattara, a évoqué “énormément de blessés”, dont “deux sont dans le coma”, ce qui n’a pas pu être confirmé de source indépendante.

Dans une déclaration à la télévision nationale, le ministre de la Sécurité Maxime Koné a dit qu’il y avait eu “un certain nombre de blessés” parmi les forces de sécurité, mais il a indiqué ne pas encore avoir de bilan des victimes dans les deux camps.

“Force doit rester à la loi”, a-t-il affirmé, “et nous allons travailler à ce que ceux qui ont soutenu ou appelé à la marche répondent de leurs actes”.

– “Barbarie” –

“On était sortis pour une marche pacifique, mais la réaction des forces de l’ordre a mis le feu aux poudres, nous obligeant à ériger des barricades”, a déclaré un des manifestants. “On ne veut pas brûler le pays qui est déjà en guerre, mais face à la barbarie, on va se défendre”.

Des manifestants ont également brûlé des pneus devant le siège du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), et s’en sont pris à des journalistes, dont une de l’AFP.

“Je suis allée au siège du MPP avec une consœur suite à des rumeurs disant que le siège avait été brûlé par des manifestants, la foule nous a foncé dessus, jeté des cailloux, ils ont voulu bloquer notre voiture en criant +La France, on veut pas de vous+”, a raconté Olympia de Maismont, collaboratrice photo et vidéo de l’AFP au Burkina Faso. “On a réussi à s’échapper mais c’était à la seconde près”.

L’un des manifestants, Fabrice Sawadogo, 28 ans, a affirmé qu'”après sept ans d’incapacité face aux attaques terroristes qui nous endeuillent chaque jour, il est temps de demander le départ du régime”. “Nous n’avons pas à négocier avec un gouvernement incompétent qui doit admettre qu’il a échoué”, a-t-il lancé.

Des manifestations ont également eu lieu dans d’autres villes du Burkina, en particulier à Bobo Dioulasso (ouest), la seconde du pays, où des manifestants ont également été dispersés à l’aide de gaz lacrymogène. Ce fut également le cas à Kaya, à une centaine de kilomètres au nord-est de Ouagadougou.

– Plusieurs interpellations –

La Coalition du 27 novembre, regroupant trois organisations de la société civile, avait appelé “l’ensemble des Burkinabè à sortir massivement” samedi “dans une ambiance pacifique, pour dénoncer l’insécurité grandissante et exiger le départ du chef de l’Etat” Roch Marc Christian Kaboré.

Plusieurs manifestants ont été interpellés, dont une des responsables du “Mouvement Sauvons le Burkina Faso”, selon cette organisation membre de la coalition, sans donner le nombre d’arrestations.

D’autres mouvements de la société civile ont appelé à se démarquer de ces manifestations, pour “ne pas être complices de ceux qui veulent jeter le chaos dans le pays”.

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique.

Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l’est du pays.

L’attaque le 14 novembre d’un détachement de gendarmerie à Inata (nord), l’une des plus meutrières contre les forces de sécurité, a profondément choqué: au moins 57 personnes, dont 53 gendarmes, ont été tuées par des jihadistes armés.

“Nous devons mettre fin aux dysfonctionnements inacceptables qui sapent le moral de nos troupes combattantes et entravent leur efficacité dans la lutte contre les groupes armés terroristes”, a déclaré jeudi soir le président Kaboré, des paroles souvent répétées qui ne convainquent plus dans le pays.

Parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires, les violences jihadistes ont fait depuis six ans environ 2.000 morts et contraint 1,4 million de personnes à fuir leur foyer.

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