Kamala Harris n’est pas battue, loin s’en faut. Il faut le redire alors que la dynamique de campagne de ces derniers jours avant la présidentielle américaine du 5 novembre semble favorable à Donald Trump. L’ancien président sature les médias. Il fait le «buzz» alors que la campagne de son adversaire démocrate focalise davantage sur le ratissage des voix sur le terrain, comté par comté.
Oui, Kamala Harris peut devenir le 47e président des États-Unis, succédant à Joe Biden, dont elle était la colistière en 2020, et qui s’est retiré de la course à la Maison-Blanche le 21 juillet. Mais il faut pour cela qu’elle remplisse cinq conditions. Les voici.
Kamala Harris peut gagner en Pennsylvanie
Un seul État peut faire la différence. C’est le paradoxe de cette élection présidentielle américaine dans laquelle le vote populaire national n’est pas décisif. Pour rappel, Hillary Clinton, alors candidate démocrate contre Donald Trump en 2016, avait obtenu environ trois millions de voix de plus que son adversaire républicain. Mais au final, le système américain des grands électeurs (soit le nombre de voix attribué à chacun des 50 États, plus Washington DC dans le collège électoral de 538 délégués) lui avait été fatal. Trump avait obtenu 304 grands électeurs, contre 227 pour Clinton. On connaît le scénario de 2020: Biden l’avait alors emporté par 306 contre 232. Tout s’était joué dans deux États, où Donald Trump a d’ailleurs multiplié les contestations: la Géorgie (à 12’000 voix) et la Pennsylvanie (à 70’000 voix). Ce dernier État apporte 19 grands électeurs. Kamala Harris doit l’emporter pour gagner ce scrutin.
Kamala Harris peut compter sur les femmes
La campagne démocrate vise deux publics cibles dans cette dernière ligne droite de la campagne présidentielle: les femmes et les hommes des communautés hispaniques et afro-américaines. Pourquoi les femmes? Pour deux raisons simples. La première est que la vice-présidente est elle-même une femme, que son parcours judiciaire (comme procureure) et politique illustre la réussite féminine, et qu’elle est la seconde femme à se présenter à la présidence, après Hillary Clinton, battue en 2016. La seconde raison tient aux menaces qui pèsent sur le droit à l’avortement, et sur les droits des femmes en général. Donald Trump se félicite en permanence d’avoir obtenu l’abrogation par la Cour Suprême en juin 2022, de l’arrêt Roe vs Wade de 1973 qui faisait de l’interruption volontaire de grossesse un droit fédéral. Trump n’était plus en fonction en 2022, mais ce sont les juges conservateurs nommés sous son mandat qui ont fait la différence. Désormais, 14 États sur 50 ont des interdictions partielles ou totales à l’avortement.
Kamala Harris mène une campagne très pro
L’expression est de Robert King, l’activiste du parti démocrate que nous avons rencontré à Washington DC, vétéran de nombreuses campagnes présidentielles. L’explication est simple: les équipes de Kamala Harris ont fait depuis plusieurs semaines porter l’effort sur le terrain. Le parti démocrate dépêche des volontaires dans chaque comté pour s’assurer que tous les électeurs enregistrés comme démocrates (cela se fait aux États-Unis, pour voter lors des primaires des deux grands partis afin de désigner leur candidat à la présidence) voteront et iront convaincre leurs connaissances de voter. Pourquoi cette stratégie? Parce que Kamala Harris a plus de réservoirs de voix que Donald Trump. Mais attention: il faut que ces réservoirs fonctionnent dans les sept États-clés: Pennsylvanie, Arizona, Nevada, Géorgie, Caroline du Nord, Michigan et Wisconsin.
Kamala Harris a fini par taper fort sur Trump
Le reproche adressé à la candidate démocrate est toujours le même: elle esquive les questions et peine à s’imposer comme leader, alors que son adversaire républicain joue l’homme fort jusqu’à la caricature, promettant même aux femmes de les «protéger». Il est vrai que ce registre viril peut peser au moment du vote, puisqu’il s’agit de désigner le commandant en chef de la première puissance mondiale. Or Trump a en plus un bilan. Il a été président. Il a fait face aux dirigeants mondiaux. Alors que Kamala Harris est tributaire du bilan de Joe Biden, dont la fin de mandat est très difficile. Résultat? La vice-présidente a choisi de mener une contre-offensive. Elle a tapé fort sur Trump. Sur son âge, 78 ans. Sur sa santé mentale. Et surtout sur le danger que représente pour la démocratie ce candidat dont même d’anciens chefs militaires dénoncent le «fascisme» rampant. Cela peut jouer dans l’électorat modéré, conservateur, mais attaché au respect de la constitution.
Kamala Harris, la victoire et l’argent
Une femme noire, d’origine indienne et jamaïcaine, passée par l’université d’Howard à Washington, sanctuaire de l’élite afro-américaine. Ce profil est celui d’une juriste qui a prouvé son sens politique et la force de ses réseaux, jusqu’à devenir, de 2011 à 2017, ministre de la justice de l’État de Californie, le plus peuplé de l’Union. Toute sa carrière est marquée par cette faculté à arracher des victoires grâce à l’efficacité de ses campagnes. Bien sûr, rien ne peut être comparé à l’élection présidentielle américaine. Mais un autre facteur peut peser dans la balance: l’argent. Entre juillet et octobre, soit après le retrait de Joe Biden, la candidate démocrate a engrangé un milliard de dollars! Or l’argent compte aux États-Unis, où les publicités télévisées et le déploiement d’équipes coûtent cher. Donald Trump, lui, affiche environ 400 millions de dollars à son compteur pour la même période.
Les 5 raisons pour lesquelles Kamala Harris peut battre Donald Trump | TV5MONDE – Informations
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