Avec notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix
Davis est habillé tout en noir. Son visage est caché par un drapeau kényan qu’il porte en cache-nez. « Le noir représente la tristesse de notre nation à cause de ceux qui ont été tués. C’est une période sombre pour notre pays. Des gens sont tués et leurs corps jetés dans des carrières. Le gouvernement doit nous expliquer, car il y a des histoires différentes à propos du même sujet. Aujourd’hui, on demande des réponses ! »
La découverte, il y a quelques jours du corps d’un étudiant de l’université Kenyatta, dans une carrière à Juja, à 30 kilomètres au Nord de Nairobi, a provoqué la colère de la jeunesse kényane. Des dizaines de manifestants sont toujours portés disparus. Benson n’en peut plus : « On est fatigué de voir la police enlever et tuer des jeunes dans tout le pays. D’autant que la police nous cherche partout quand la police nous détient. Le président nous ment depuis trop longtemps. Maintenant, la jeunesse est épuisée. »
Comme toutes les autres, la manifestation est dispersée par des gaz lacrymogènes. Pour Julius, la police ne sert qu’à la répression. « D’abord, la police ne fait pas un très bon travail. On dirait que leur boulot, c’est de nous tirer dessus. On est pacifiques. On n’a pas jeté une seule pierre. Les policiers sont mal utilisés par le gouvernement. Tel que vous me voyez, est-ce que j’ai l’air d’un casseur ? Je ne suis pas là pour être violent. Je suis là pour défendre mes droits. »
D’après la Commission nationale kényane des droits de l’homme, le bilan de la répression policière depuis le début des manifestations s’élève désormais à 50 morts.
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