Des milliers de personnes ont signé une pétition en ligne pour réclamer la reprise de la desserte maritime entre Dakar et Ziguinchor, principale ville de Casamance (sud), suspendue depuis plus de quatre mois en raison des tensions politiques liées à l’opposant Ousmane Sonko.
“Nous, usagers du bateau, exigeons la reprise sans délai de la liaison maritime Dakar-Ziguinchor”, indique la pétition mise en ligne le 13 octobre et initiée par Xavier Diatta, responsable d’une société agro-alimentaire basée à Ziguinchor.
Elle dépassait plus de 3.000 signataires jeudi.
Le transport de passagers et de fret, assuré par trois navires, est suspendu depuis juin par les autorités sénégalaises sans explication officielle. La liaison avait été arrêtée après des troubles meurtriers à Ziguinchor et dans d’autres villes du pays, consécutifs à une condamnation de l’opposant politique Sonko dans une affaire de mœurs.
Sollicités par l’AFP, le ministère de la Pêche, qui assure la tutelle administrative des bateaux, et la société d’exploitation (Cosama, privée), n’ont pas réagi. La suspension de la liaison est due à “des raisons de sécurité”, a affirmé mercredi à l’AFP une source au sein de ce ministère.
Depuis lors, “c’est le désert au port de Ziguinchor. Toute l’économie s’est arrêtée. Le prix du transport (par la route) a été multiplié par trois. Les prix des produits qui viennent de Dakar ont augmenté”, a dit M. Diatta.
“Nous sommes fatigués. Écouler quelque chose est devenu un casse-tête”, se lamente la commerçante Sira Mané, 37 ans, qui vend des produits alimentaires devant le port de Ziguinchor.
Le docker Salif Diédhiou, 51 ans, se plaint de ne plus travailler. Il affirme être “retourné à la mer” pour pêcher depuis que le bateau ne vient plus à Ziguinchor.
La Casamance est productrice de produits halieutiques, de fruits et légumes, qui sont acheminés plusieurs fois par semaine vers Dakar par la route ou par avion.
Les autorités sénégalaises avaient, après les troubles de juin, momentanément suspendu les liaisons de la ligne de bus publique. L’avion est inabordable pour beaucoup de personnes voulant rallier cette région où est active depuis 1982 une rébellion indépendantiste armée et qui est séparée du reste du pays par la Gambie.
L’opposant Sonko est le maire de Ziguinchor. Il est détenu depuis fin juillet sous divers chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection; il a annoncé mardi reprendre sa grève de la faim, qu’il avait arrêtée début septembre, en “solidarité” avec ses militants “injustement arrêtés”.
Candidat à la présidentielle de février 2024, M. Sonko, 49 ans, accuse le président Macky Sall, qui s’en défend, de vouloir l’écarter du scrutin par des procédures judiciaires. M. Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, a annoncé début juillet ne pas se représenter.
africanews
Comments are closed.