Le gouvernement de l’est libyen, désigné par le Parlement et non reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours, suite à la tempête Daniel qui, après la Grèce, la Turquie et la Bulgarie, a fortement affecté la Libye.
C’est spécifiquement l’est du pays qui a été affecté, et surtout la région Al Jabal Al Akhdar, composée de plusieurs villes comme Al Bayda, Sousse, Chahat ou encore Darna, ville côtière de 100 000 habitants. Les deux barrages situés au-dessus de la ville ont cédé sous la pression de l’eau, provoquant d’importants dégâts matériels et surtout humains, a affirmé l’un des membres du Conseil municipal de Darna.
Darna se trouve au cœur de la région verdoyante d’Al Jabal Al Akhdar, entourée d’une chaine de montagnes. Les pluies diluviennes et l’explosion des barrages ont fait un nombre encore incertain de victimes. Oussama Hamad, Premier ministre du gouvernement de l’est libyen, qui s’est exprimé sur une chaine locale, a donné les premiers chiffres : « Les disparus se comptent par milliers. Il y a plus de 2 000 morts. Des quartiers entiers avec leurs habitants ont été emportés par les eaux vers la mer. »
Sous le choc, ne pouvant plus s’exprimer, le Premier ministre a passé la parole à Ali Al Gotaani, son vice-Premier ministre qui a décrit les scènes vues : « C’est plus qu’une catastrophe, c’est apocalyptique. Le gouvernement est en réunion de crise. Nous appelons tous les secouristes et tous ceux qui peuvent agir à venir immédiatement à Darna. Des quartiers entiers ont complètement disparu. Les disparus se comptent par milliers. Il n’y a plus ni électricité, ni communications. »
Les vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent que la corniche longeant la mer a complètement disparu, ainsi que plusieurs quartiers de la ville située au bord de l’oued.
Un membre du Conseil municipal a laissé un témoignage sur le réseau social X. Il affirme que les habitants assistaient, impuissants, aux flots emportant les corps. « Plusieurs bâtiments et habitations en centre-ville ont été emportés par les flots. Les glissements de terrain ont causé d’énormes dégâts. Les dommages matériels et en vie humaine font que nous déclarons Darna ville sinistrée. Nous souhaitons donc l’ouverture urgente d’une voie d’extradition par la mer et nous souhaitons une intervention internationale urgente, car la ville est dans une situation apocalyptique », a-t-il exprimé.
Selon nos informations, des membres du Croissant-Rouge et de l’armée nationale libyenne qui portaient secours aux habitants ont été portés disparus. Le Conseil présidentiel libyen, au pouvoir à Tripoli, en rivalité avec les autorités de l’est a décrété l’état de catastrophe et lancé un appel à l’aide internationale. Les experts en climat jugent que les précipitations ont atteint un niveau « extrême en termes de quantités d’eau tombée ». Un deuil de trois jours a été décrété par le Parlement de la Cyrénaïque, dans l’est libyen.
L’appel du Croissant-Rouge libyen
Les premières photos qui circulent sur les réseaux sociaux donnent déjà une idée de l’étendue de la catastrophe à Darna. Les pluies diluviennes ont commencé dimanche et dès ce lundi, les éboulements ont détruit les barrages qui ont emporté plusieurs quartiers de la ville.
Joint par RFI, ce lundi soir, Tawfik al Shukri, porte-parole du Croissant-Rouge libyen donne un premier bilan des victimes citant les sources gouvernementales et précisant qu’il serait en mesure de donner des informations plus claires et plus précises dans les prochaines heures.
« Nos équipes étaient présentes partout sur le terrain depuis les premières heures de la catastrophe, mais la situation à Darna reste la plus atroce. Il y aurait plus de 2 030 corps retrouvés et plus de 9 800 déclarations de disparitions, selon les chiffres communiqués par le gouvernement. Il y a cinq quartiers à Darna qui ont été complètement submergés par les eaux. La situation est tragique à Darna… Après les inondations des premières heures, ce sont les barrages qui se sont effondrés. Nous continuons notre travail et nous avons perdu trois membres du Croissant-Rouge alors qu’ils essayaient de sauver des familles encerclées par l’eau. La situation exige de conjuguer les efforts de tous : des deux gouvernements libyens et des ONG locales et internationales pour que l’on vienne en aide aux personnes touchées et en souffrance, suite à cet évènement catastrophique », appelle Tawfik al Shukri, porte-parole du Croissant-Rouge libyen.
rfi
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