Des « cognements » ont été captés sous l’eau par un sonar pendant les opérations de recherche dans l’Atlantique, du sous-marin disparu, avec cinq personnes à bord, près de l’épave du Titanic. La France de son côté envoie un bateau et son robot de pointe pour essayer de retrouver le petit sous-marin. Les cinq personnes à bord étaient parties explorer le Titanic, qui gît à environ 3 800 mètres, au large du Canada et des États-Unis, depuis 1912. Des avions, des bateaux poursuivent leurs recherches, dans des conditions très compliquées.
« Des avions P-3 canadiens ont détecté des bruits sous l’eau dans la zone de recherche. En conséquence, les opérations ROV (véhicule télécommandé, NDLR) ont été déplacées pour tenter d’explorer l’origine des bruits », a annoncé le premier district des garde-côtes américains sur son compte Twitter officiel. Les recherches par ROV « ont donné des résultats négatifs mais se poursuivent », a-t-il ajouté.
L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) en appelle à l’Atalante, qui a été dérouté de sa mission actuelle pour rejoindre le site, dans l’Atlantique nord, où a été perdu le Titan. C’est Hervé Berville, secrétaire d’État chargé de la Mer, qui l’a annoncé.
Ce navire français est équipé d’un robot sous-marin télé-opéré dédié aux grandes profondeurs, Victor 6000. « Le dispositif va se poursuivre en lien avec le centre de coordination de l’Otan et nous sommes en lien avec les autorités américaines », a indiqué M. Berville.
L’Alliance atlantique a fait savoir que ses matériels de secours ne pouvaient aller au-delà de 2 000 mètres de profondeur, mais qu’elle pouvait mettre à disposition ses capacités d’expertise et d’analyse, comme le relate notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin.
C’est l’US Navy qui a sollicité l’intervention de l’Atalante. L’équipement français est attendu sur zone mercredi vers 20 heures (heure de Terre-Neuve, au Canada – 22 heures GMT). Les opérateurs du robot sont en route aussi, ils ont quitté Toulon et doivent arriver à Terre-Neuve au Canada mercredi matin, heure française.
« Sur et sous l’eau »
D’ici là, les recherches continuent. Le sous-marin Titan mesure 6,5 mètres de long et 2,5 mètres de haut. C’est un peu comme si les secours cherchaient, au milieu de l’océan, un petit bus, dans une zone de 13 000 km2, l’équivalent d’un pays grand comme le Monténégro.
La zone de recherche se situe elle-même à 900 milles marins de la côte est américaine, et 400 milles marins de Terre-Neuve. Et si le submersible est finalement localisé, encore faudra-t-il parvenir à le secourir là où il se trouve, surtout si l’appareil est sous l’eau.
Un porte-parole d’OceanGate Expeditions, la société américaine organisatrice de ce voyage sous-marin mémoriel vers l’épave mythique du Titanic, a assuré « explorer et mobiliser toutes les options pour ramener l’équipage en toute sécurité ».
Il faut chercher sur et sous l’eau, et franchement, cela rend l’opération incroyablement complexe. Amener des équipements de sauvetage sur place est une priorité. Je ne peux pas vous dire exactement quand cela va arriver. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a un effort maximum pour amener du matériel sur zone aussi vite que nous le pouvons.
Jamie Frederick, capitaine des garde-côtes américains
4 000 mètres
Les experts étudient deux scenarios : soit le sous-marin a eu un problème de communication, et se trouve en ce moment à la surface de l’eau, c’est-à-dire qu’il flotte quelque part sur l’océan, soit il est encore sous l’eau et a pu couler à près de 4 000 mètres de profondeur.
Dans ce dernier cas, les recherches deviennent très compliquées. Des sonars, ces petits appareils qui peuvent reconnaître les sons sous l’eau, se trouvent sur la zone. Ils écoutent en quelque sorte la mer dans l’espoir de repérer un signal du sous-marin disparu.
Pour l’instant, les gardes-côtes américains expliquent que les fouilles demeurent sans résultat. Des avions américains et canadiens, des C-130 Hercules pour la surface et P3 sous l’eau, patrouillent. Des bateaux sont déjà sur place ou s’y rendent comme l’Atalante.
Contre-la-montre
Les secours n’ont pas beaucoup de temps. Jeudi matin, quand le soleil se lèvera au-dessus du site du naufrage du Titanic, il sera déjà trop tard. Les réserves d’oxygène à bord du Titan, maximum 96 heures, soit quatre jours depuis sa mise à l’eau, s’épuisent inexorablement.
Le Titan peut fournir de l’oxygène à ses occupants pendant encore « environ 40 heures », ont indiqué mardi vers 17 heures TU les garde-côtes américains. Les cinq personnes à bord ont donc bel et bien assez d’air pour respirer au plus tard jusqu’à ce jeudi.
C’est donc une course contre-la-montre, en admettant que la coque en carbone du submersible n’ait pas rencontré de problème, que la structure n’ait pas été endommagée par la pression sous-marine et que les cinq occupants soient encore en vie.
Les personnes à bord du « Titan »
« Des explorateurs légendaires, dont certains ont déjà effectué plus de trente plongées sur le Titanic. » Voilà comment Hamish Harding présentait, sur Instagram avant de plonger, l’équipage l’accompagnant à la découverte de la plus célèbre des épaves.
Ce milliardaire britannique de 58 ans, PDG d’une entreprise de jets privés, amateurs de grandes explorations – il a déjà voyagé dans l’espace –, a payé sa place à bord du Titan.
C’est la situation de deux autres passagers également : l’homme d’affaires pakistanais Shahzada Dawood, et son fils Suleman. Sur son site, OceanGate Expeditions parle d’une expédition à 250 000 dollars.
Pour les accompagner, au moins un grand spécialiste : le sous-marinier français Paul-Henri Nargeolet, 77 ans, passionné d’archéologie maritime. Le Titanic est devenu l’un de ses champs de recherche préférés, depuis la découverte de l’épave en 1985. C’est de cette passion qu’il tient ce surnom de « Monsieur Titanic ».
Paul Henri Nargeolet a déjà effectué plus de trente plongées sur l’épave. Il a notamment supervisé la récupération d’environ 5 500 objets, dont un fragment de vingt tonnes exposé aujourd’hui à Los Angeles.
La cinquième personne, selon la BCC qui précise que l’entreprise a confirmé l’information, est Stockton Rush, le patron américain d’OceanGate Expeditions, qu’il a fondé en 2009. Un avocat, David Concannon, a affirmé sur Facebook qu’il aurait dû en être, mais qu’il avait dû annuler en raison d’un « problème urgent avec un client ».
rfi
Comments are closed.