Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’est efforcé de resserrer le partenariat stratégique de Washington avec le Maroc et les Emirats arabes unis, à l’occasion d’une visite mardi à Rabat, sur fond de tensions au Maghreb et dans le Golfe.
M. Blinken a été reçu pendant près de trois heures par son homologue marocain, Nasser Bourita, au lendemain d’une rencontre inédite en Israël avec cet interlocuteur et trois autres ministres arabes.
Les deux chefs de la diplomatie ont abordé la guerre en Ukraine et ses conséquences alimentaires “désastreuses”, la sécurité bilatérale et régionale, la normalisation accélérée entre le Maroc et Israël et les droits humains.
S’agissant du conflit ukrainien, Antony Blinken a émis des doutes sur le “réel sérieux” de la Russie après l’annonce d’avancées “substantielles” dans les négociations entre Kiev et Moscou à Istanbul.
“Il y a ce que dit la Russie et ce que fait la Russie. Nous nous concentrons sur ce qu’elle fait”, a déclaré M. Blinken, lors d’une conférence de presse au côté de son homologue marocain.
Le secrétaire d’Etat a d’autre part assuré que Washington examinait les moyens “d’aider à réduire” l’impact socio-économique du conflit, face à la flambée des matières premières et le risque de pénurie de blé, “en particulier sur les populations les plus vulnérables”.
Selon le département d’Etat, la visite de M. Blinken a pour cadre le renforcement d'”un partenariat stratégique enraciné dans des intérêts communs en faveur de la paix, la sécurité et la prospérité” de la région.
Comme attendu, le dossier du Sahara occidental, la priorité de la diplomatie marocaine, a figuré en bonne place au menu de l’entretien avec M. Bourita.
M. Blinken a réitéré le soutien américain au plan d’autonomie –“sérieux, crédible et réaliste”– présenté par le Maroc pour régler le “différend” qui l’oppose depuis des décennies aux indépendantistes sahraouis soutenus par Alger.
Il a parallèlement fait part de l’appui de Washington à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, et au “processus politique” sous l’égide des Nations unies.
Mais l’administration Biden s’est montrée jusqu’à présent moins empressée que la précédente –celle de Donald Trump– qui avait promis en décembre 2020 d’ouvrir un consulat à Dakhla, au Sahara occidental, en reconnaissant la souveraineté marocaine sur ce territoire.
De son côté, Nasser Bourita a exhorté l’Europe à “sortir de la zone de confort dans laquelle des gens soutiennent seulement un processus sans soutenir une solution” et, à l’instar de l’Espagne récemment, à endosser l’initiative d’autonomie sous souveraineté marocaine.
– “Conversation stratégique” –
Toujours au Maroc, Antony Blinken a rencontré en fin d’après-midi le prince héritier d’Abou Dhabi et dirigeant de facto des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dont les relations avec son traditionnel allié américain ont été “mises à l’épreuve” après une série de désaccords.
“Le partenariat entre nos pays compte vraiment”, a assuré M. Blinken, chaleureusement accueilli par le prince dans sa résidence près de Rabat.
Comme Israël, les Emirats et le Maroc font front commun contre l’Iran, tandis que les Etats-Unis cherchent à relancer l’accord international sur le nucléaire conclu en 2015 avec Téhéran et censé l’empêcher de se doter de la bombe atomique en échange de la levée de sanctions internationales.
En outre, les Emirats font partie d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, qui vient en aide depuis 2015 au gouvernement du Yémen, en guerre contre les rebelles Houthis, proches de l’Iran.
“Nous sommes déterminés à faire tout notre possible pour vous aider à vous défendre efficacement (…) contre les attaques terroristes des Houthis”, a affirmé M. Blinken.
Le secrétaire d’Etat américain achèvera sa tournée régionale mercredi par une étape en Algérie, rivale du Maroc en Afrique du Nord et alliée de la Russie.
A Alger, il doit poursuivre ses discussions sur la coopération sécuritaire régionale –en particulier au Sahel– et la crise ukrainienne.
Il pourrait aussi évoquer la réouverture du gazoduc Maghreb-Europe, qui permettrait de réduire la dépendance des pays de l’Union européenne au gaz russe.
Ce pipeline desservant l’Espagne et transitant par le Maroc a été fermé en octobre par l’Algérie à la suite de la rupture de ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021.
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