Huit soldats maliens ont été tués et près de 60 “terroristes neutralisés” dans le nord du Mali lors d’une opération de l’aviation malienne, dans une zone où des dizaines de civils sont morts cette semaine, a annoncé vendredi soir l’armée malienne.
L’aviation malienne est intervenue vendredi pour détruire une “base terroriste” près du Burkina Faso et du Niger où “de violents combats ont ensuite fait “8 morts” chez les soldats et “57 terroristes neutralisés”, selon un communiqué de l’armée.
Cette intervention était “au profit d’une patrouille accrochée par des hommes armés non identifiés dans le secteur d’Archam, à l’ouest de Tessit”, à quelques dizaines de kilomètres des frontières avec le Burkina Faso et le Niger, selon l’armée.
Une quarantaine de civils maliens ont été tués cette semaine, dans cette zone en proie à des affrontements entre jihadistes, par un groupe affilié à l’organisation Etat islamique, ont indiqué vendredi différentes sources locales à l’AFP.
Les jihadistes présumés auteurs de cette tuerie de civils considéraient leurs victimes comme des complices de leurs rivaux, selon les mêmes sources locales.
Tessit, commune rurale de la région de Gao, a été le théâtre des combats entre ces jihadistes ces dernières semaines.
Les faits se sont produits dans la zone dite des Trois frontières, un des foyers de la violence qui secoue le Sahel. L’Etat islamique au grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance de groupes armés appartenant à la nébuleuse Al-Qaïda, y sont particulièrement actifs. En plus d’attaquer les armées nationales ou étrangères, ils s’y livrent depuis 2020 une guerre des territoires.
L’unité de l’armée malienne accrochée vendredi par des hommes armés recherchait des “sanctuaires terroristes” pour les détruire.
– “Protection des civils” –
Elle visait également “la protection de populations civiles récemment victimes d’exactions extrêmes des groupes terroristes ayant provoqué leurs déplacements forcés” vers la zone des trois frontières, a précisé l’armée.
Dans cette zone dite des trois frontières opèrent aussi côté malien l’armée nationale, les soldats français de la force Barkhane ainsi que les forces spéciales européennes de Takuba, et les Casques bleus de l’ONU au Mali (Minusma).
La France et ses partenaires européens ont officialisé jeudi leur retrait militaire du Mali, conduisant les autres acteurs étrangers à s’interroger ouvertement sur leur engagement, et la Minusma à étudier l’impact de ce désengagement.
Français et Européens ont invoqué les “multiples obstructions des autorités” maliennes.
La junte au Mali est revenue sur son engagement d’organiser des élections en février 2022 pour le retour des civils au pouvoir. Elle invoque la nécessité de profondes réformes et s’arcboute sur la souveraineté nationale depuis que la communauté des Etats ouest-africains a infligé au Mali de lourdes sanctions économiques et diplomatiques le 9 janvier.
“La destruction totale de la base terroriste, consécutive à de violents combats aux alentours de la forêt refuge, a fait huit morts, 14 blessés, 5 portés disparus et deux véhicules détruits côté Fama”, les forces armés maliennes, a détaillé l’armée malienne dans son communiqué.
“Les troupes aériennes Fama ont traité et neutralisé des colonnes de motocyclistes qui tentaient de submerger l’unité accrochée”, poursuit-il. “Le ratissage a permis de dénombrer 57 terroristes neutralisés et divers matériels détruits”, ajoute le texte.
Le Mali est le théâtre depuis 2012 des opérations de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, ainsi qu’aux violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d’autodéfense et des bandits. Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d’exactions.
Les violences parties du nord en 2012 se sont propagées au centre, puis au Burkina Faso et au Niger voisins. Elles ont fait des milliers de morts civils et militaires ainsi que des centaines de milliers de déplacés, malgré le déploiement de forces onusiennes, françaises et africaines.
La prise du pouvoir à Bamako par des militaires, auteurs de deux coups d’Etat, en août 2020 puis en mai 2021, n’a pas enrayé la spirale de violences.
Afp
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