Abdouramane Sanoh, le leader du FNDC, le front qui a contesté dans la rue le projet du troisième mandat pour le président guinéen récemment déchu Alpha Condé, passe le témoin à une autre figure charismatique du mouvement, Oumar Sylla alias Foniké Mangué. Cérémonie qui s’est tenue au siège du FNDC en présence de nombreux journalistes dont le correspondant de RFI.
Les acteurs de la société civile qui se sont mobilisés dès avril 2019 pour dire non à Alpha Condé qui voulait modifier la Constitution étaient tous présents ou presque ce jeudi pour la séance plénière à Conakry.
Puisque ce n’est plus qu’un fâcheux souvenir, le leader historique du mouvement passe la main à, selon ses propres termes plus vigoureux que lui : « Le 5 septembre 2021, une nouvelle page de l’histoire politique de la Guinée s’est ouverte. Cette nouvelle ère est autant pleine d’opportunités que de défis qu’elles suscitent qu’on s’y penche très sereinement », explique Abdouramane Sanoh.
Le nouvel homme fort du mouvement s’appelle Foniké Mangué. Il a été élu à l’unanimité par un vote interne. Sa personnalité a fait consensus : ce jeune, connu pour mobiliser les foules et qui avait été condamné à trois ans de prison ferme l’année dernière pour « communication et divulgation de fausses informations, menaces notamment de violences ou de mort », est un personnage « transversal » d’un point de vue « ethnique et politique », explique un observateur.
En décembre, Foniké Mengué avait été consulté par le président de la transition, Mamadi Doumbouya, pour diriger le CNT, le Parlement de la transition. Mais c’est un autre acteur de la société civile, plus expérimenté, qui a finalement été nommé.
FNDC veille sur la transition
Le FNDC change aussi d’orientation : il veut mener une veille sur le cours de la transition. Avec un outil : la Maison de la Transition, qui va observer le respect des droits de l’homme, et jouera le rôle de veille électorale, indique un cadre du FNDC. « Le FNDC, sentinelle de la démocratie, s’est engagé à jouer toute sa partition dans la réussite de la transition qui tarde à démarrer effectivement en vue d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel », a déclaré Foniké Mengué.
À travers ces gestes, le FNDC « matérialise son autonomie vis-à-vis des militaires au pouvoir », explique le chercheur Kabinet Fofana. Principale difficulté, pour ce groupe qui a été souvent étiqueté proche de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo : « être objectif et sincère, indique Kabinet Fofana, sans donner l’impression d’être téléguidé par des partis politiques. »
Plusieurs dizaines de personnes, majoritairement des jeunes, ont perdu la vie dans des affrontements entre manifestants contre le troisième mandat et forces de l’ordre entre 2019 et 2020.
rfi
Comments are closed.