Plus de 50 personnes, hommes, femmes et enfants, ont été massacrées mardi soir sur un site de déplacés en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, dans un nouveau carnage attribué à une milice communautaire.
Une source de la mission de l’ONU en RDC (Monusco) a indiqué mercredi après-midi à l’AFP que cette attaque avait fait au moins 52 morts et 36 blessés. Le gouvernement congolais, parlant de “crime contre l’humanité”, évoque également “une cinquantaine” de morts.
Dans la matinée, le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), un groupe de chercheurs présents dans les zones de conflits dans l’est de la RDC, avait chiffré à “au moins 40” le nombre de civils tués “par armes blanches”, tandis que des sources administratives et de la société civile locale disaient avoir déjà compté plus de 50 morts.
La milice Codeco (Coopérative pour le développement du Congo), qui prétend défendre les intérêts de la communauté Lendu et attaque principalement les membres de la communauté Hema, est accusée de ce nouveau massacre.
“Il y a eu incursion de miliciens Codeco vers 21H00-22H00 dans le site de déplacés communément appelé Plaine Savo”, à 3 km de la localité de Bule, en territoire de Djugu, a indiqué par téléphone à l’AFP Jean Richard Dhedda Lenga, chef de la “chefferie” (entité administrative) de Bahema Badjere.
“Nous totalisons provisoirement 59 morts”, a-t-il ajouté, précisant que ce bilan pouvait encore s’alourdir. Selon lui, une quarantaine de personnes ont également été blessées et, a-t-il dit, “je viens de quitter les lieux, les jeunes recherchent d’autres corps dans des cases et en brousse”.
“J’ai compté 53 corps, d’autres continuent à venir, ils sont regroupés sur place ici sur le site où je me trouve”, a affirmé de son côté Désiré Malo Dra, président de la société civile de la même chefferie. “Nous venons d’amener 36 blessés au centre de santé de Bule”, a-t-il ajouté.
– “Des femmes et des enfants” –
Selon lui, “la plupart des victimes sont des femmes et des enfants”.
“Les miliciens sont venus armés de machettes. De nombreuses victimes ont été égorgées, tuées à l’arme blanche”, a-t-il poursuivi, affirmant que les assaillants avaient “opéré calmement”, et que l’armée était arrivée mercredi matin.
“Cette attaque (a été) stoppée par les FARDC” (forces armées de RDC), a de son côté affirmé le gouvernement dans un tweet du ministère de la Communication. La Monusco, également sur Twitter, a indiqué que “les Casques bleus se sont rendus sur place pour stopper les tueries et repousser les assaillants”.
Selon l’Unicef, au moins 15 enfants figureraient parmi les morts et plus de 30 parmi les blessés.
Le Conseil norvégien pour les réfugiés qui, comme d’autres ONG et organismes, a fermement condamné cette tuerie, a précisé dans un communiqué que le camp de Plaine Savo abritait “plus de 24.000 personnes ayant fui les violences dans le territoire de Djugu en 2019”.
Djugu est un des territoires d’Ituri particulièrement touché par les violences attribuées aux différentes factions de la Codeco, qui visent notamment les sites de déplacés abritant des milliers de villageois chassés de chez eux par de précédentes attaques.
En seulement huit jours, entre fin novembre et tout début décembre, le KST avait dénombré dans la même région au moins 123 civils tués, notamment dans des camps de déplacés.
L’Ituri, frontalière de l’Ouganda, est aussi affectée par les violences attribuées aux rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), considérées comme le plus meurtrier des multiples groupes armés qui écument l’est de la RDC depuis plus d’un quart de siècle. Les ADF sont aussi accusées de récents attentats jihadistes sur le sol ougandais.
L’Ituri et la province voisine du Nord-Kivu sont placées depuis mai dernier sous état de siège, une mesure exceptionnelle qui donne pleins pouvoirs à l’armée et à la police mais qui n’a pas permis jusqu’à présent de mettre fin aux exactions des groupes armés.
Dans un communiqué, les députés nationaux d’Ituri évoquent “un génocide”. La coordination provinciale de la société civile a appelé à un deuil de trois jours.
afp
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