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Le Mali rend un dernier hommage à l’ex-président Keïta

Le Mali a rendu vendredi un dernier hommage à l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, décédé cette semaine, un an et demi après avoir été renversé par les militaires, ont constaté les correspondants de l’AFP.

La junte qui lui a succédé et qui tient tête aujourd’hui à une bonne partie de la communauté internationale a organisé dans un camp militaire de Bamako des obsèques nationales sous la présidence du Premier ministre dit de transition, Choguel Kokalla Maïga.

Le colonel Assimi Goïta, un des leaders du putsch de 2020 depuis investi président de la transition, était quant à lui absent.

Ibrahim Boubacar Keïta, décédé dimanche chez lui à l’âge de 76 ans après s’être tenu à l’écart de la vie publique, devait être enterré dans l’après-midi dans sa vaste résidence après une cérémonie à la fois plus populaire et privée.

Près de 2.000 personnes, y compris d’anciens adversaires, se sont pressées chez lui pour lui dire adieu.

Le colonel Goïta, qui avait pris part aux obsèques de deux autres anciens chefs de l’Etat malien décédés en 2020 après le putsch, a été officiellement “empêché” de participer à la cérémonie officielle.

Celle-ci a rassemblé devant le cercueil recouvert du drapeau national, sur la place d’armes du 34e bataillon du Génie militaire, de nombreuses personnalités, l’ancien président par intérim Dioncounda Traoré, d’anciens ministres, des dignitaires religieux, des diplomates et un des fils du disparu, Boubacar Keïta.

La Guinée, également théâtre d’un putsch en septembre 2021 et partenaire privilégié de la junte malienne face aux pressions internationales, avait dépêché son ministre des Affaires étrangères Morissanda Kouyaté.

Baba Hakib Haïdara, au nom des collaborateurs de l’ex-président, a salué “un homme d’Etat ouvert au dialogue”.

Il était “un homme d’esprit, un homme de culture, mais aussi, je dirais, un homme de cœur”, a dit son ancien ministre de la Santé Michel Sidibé, “il s’est toujours battu pour ce pays, il avait ses forces et ses faiblesses mais ce qui le caractérisait c’était sa dignité et son patriotisme, et cela a été mentionné aujourd’hui”.

“Il est parti un peu avec ses chagrins dans le cœur”, en voyant “un pays qui l’aimait et qui est en train de s’enfoncer avec ces sanctions qu’on vient de prendre contre nous”, a dit son ami l’archevêque de Bamako, Mgr Jean Zerbo, en faisant référence à de récentes mesures de rétorsion ouest-africaines pour pousser la junte à presser le retour des civils à la tête du pays.

IBK, comme il était couramment appelé, avait été renversé le 18 août 2020 par des militaires qui, après un deuxième coup d’Etat en mai 2021, invoquent aujourd’hui les maux accumulés par le passé pour justifier leur refus de rendre le pouvoir aux civils dans un avenir proche.

Entamée en 2013, la présidence a largement coïncidé avec la tourmente dans laquelle le Mali est pris depuis 2012 et le déclenchement d’insurrections indépendantiste et jihadiste dans le nord.

La chute d’IBK avait été précédée par des mois de mobilisation au sein d’une population exaspérée par les violences en tous genres – jihadistes, communautaires ou crapuleuses -, par l’inaction et la faillite de l’Etat et par une corruption réputée galopante.

“Papa, chef, mon président, mon ami, mon gars sûr”, a dit son fils Boubacar, “tu m’as inculqué l’amour de ce pays le Mali, que tu chérissais tant et pour lequel tu étais prêt à tout donner et à tout pardonner. Le gros Malinké (son ethnie d’origine) que tu étais pouvait avoir un cœur de volcan mais tu ne gardais jamais rancune et tu ne savais pas haïr. Tu avais une bonté de cœur que nous avions même parfois du mal à comprendre”.

La junte a décrété un deuil national de trois jours à compter de vendredi.

afp

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