Six personnes ont été tuées dans le comté de Lamu, une région de l’est du Kenya bordant la Somalie, lors d’une attaque possiblement menée par des rebelles islamistes shebab, ont affirmé lundi les autorités et la police.
Un homme a été décapité et cinq ont été tués par balles ou brûlés dans cette attaque survenue dans cette région rurale, à environ 420 kilomètres de la capitale Nairobi, selon la police.
Lundi matin, Irungu Macharia, préfet du comté, a confirmé à l’AFP que six personnes étaient mortes, ajoutant que les shebab étaient soupçonnés d’être responsables de l’attaque meurtrière.
“Nous allons explorer toutes les pistes”, a-t-il précisé plus tard dans la journée, ajoutant : “nous suspectons que ce soit les shebab mais cela ne va pas limiter notre enquête à d’autres sujets, dont un conflit foncier.”
“Nous avons des équipes de sécurité qui poursuivent les assaillants et aucune arrestation n’a été faite jusqu’ici”, a-t-il précisé.
Une source policière interrogée par l’AFP a souligné que selon les premiers éléments de l’enquête certaines victimes de l’attaque, survenue entre dimanche soir et lundi matin, étaient impliquées dans des conflits fonciers.
Selon la police, les assaillants ont blessé à l’arme blanche et décapité une personne âgée, puis pillé sa maison, et tué par balles un autre homme dont le corps a été retrouvé au bord d’une route.
Plus loin, les corps de quatre autres hommes ont été retrouvés brûlés, les mains attachées, et ne pouvaient pas être identifiés, selon un rapport de la police consulté par l’AFP.
“De plus, plusieurs maisons ont été incendiées dans la localité”, ajoute ce rapport. Des douilles ont été trouvées et une enquête est en cours.
Le gouverneur du comté de Lamu, Fahim Twaha, a condamné ces “atrocités commises contre des innocents”.
“Nous espérons que les criminels seront rapidement arrêtés. Nous sommes convaincus qu’ils feront face à la justice de Dieu dans ce monde et dans l’au-delà”, a-t-il dit à l’AFP.
– “Jamais en sécurité” –
Le comté de Lamu, où se trouve notamment l’île touristique du même nom, se situe près de la frontière avec la Somalie et a déjà été le théâtre de plusieurs attaques.
Celle de lundi a eu lieu dans les environs de Mpeketoni, une localité située à l’intérieur des terres: une centaine de personnes y avaient été tuées et dans des villages alentour en 2014, lors d’une série de raids revendiqués par les shebab.
Depuis son intervention militaire dans le sud de la Somalie en 2011 pour lutter contre les islamistes somaliens shebab, le Kenya a été la cible de plusieurs attentats meurtriers, notamment ceux contre le centre commercial Westgate à Nairobi (septembre 2013: 67 morts) et contre l’université de Garissa (est, avril 2015: 148 morts).
En 2019, l’attaque du complexe hôtelier Dusit, également à Nairobi, avait fait 21 morts.
En janvier 2020, les shebab avaient averti le Kenya “qu’il ne serait jamais en sécurité”, en menaçant les touristes et en lançant un appel à des attaques contre les intérêts des États-Unis.
Des combattants shebab avaient alors pris d’assaut une base militaire américano-kényane située sur une des îles de l’archipel de Lamu, tuant trois Américains – un militaire et deux sous-traitants du Pentagone – et détruisant plusieurs avions.
Le même mois, au moins trois personnes avaient été tuées dans une embuscade contre un autocar qui circulait entre cette région et la ville touristique de Malindi, plus au sud.
Les shebab, mouvement lié à Al-Qaïda, veulent renverser le fragile gouvernement fédéral somalien soutenu par la communauté internationale et contrôlent de vastes territoires dans les zones rurales de la Somalie.
Ils recrutent depuis plusieurs années au Kenya, au sein de la jeunesse kényane.
La Somalie est en proie à une profonde crise politique qui oppose le président et le Premier ministre et qui, selon certains analystes, détournerait les autorités de la lutte contre les shebab.
afp