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La justice russe se penche sur la dissolution de l’ONG de défense des droits Mémorial

La justice russe se penche mercredi sur la requête du parquet de dissoudre le Centre de défense des droits humains de l’ONG Mémorial, au lendemain de la décision de la Cour suprême de liquider Mémorial International, pilier de la société civile russe et gardien de la mémoire des victimes du Goulag.

Mardi, la Cour suprême russe a ordonné la dissolution de Mémorial International et de ses antennes régionales pour le non-respect d’obligations découlant de son statut d'”agent de l’étranger”. Ce label, qui rappelle celui d'”ennemi du peuple” de l’URSS stalinienne, désigne des organisations considérées comme agissant contre les intérêts russes en recevant des fonds étrangers.

Début novembre, le parquet avait demandé la dissolution de Mémorial International, l’accusant d’avoir enfreint “systématiquement” les obligations de son statut d'”agent de l’étranger”.

Dans un autre dossier, le parquet a exigé la dissolution de son Centre de défense des droits humains, accusé d’apologie “du terrorisme et de l’extrémisme”, en plus de violations de la loi sur les “agents de l’étranger”.

Une avocate de Mémorial a assuré ne pas douter que le Tribunal municipal de Moscou, qui examine mercredi le dossier du Centre de défense des droits humains Mémorial, prenne une décision similaire à celle de la Cour suprême.

“C’est évident”, a-t-elle affirmé à l’AFP.

Le directeur exécutif de l’ONG Human Rights Watch Kenneth Roth partage cette certitude, en estimant que “le gouvernement russe ne veut plus tolérer de recensement objectif et honnête de son comportement, fourni par Mémorial”.

– “Changer de comportement” –

“Si ce qu’on voit dans le miroir est trop horrible, la réponse est de changer de comportement, pas de briser le miroir”, a-t-il déclaré dans une allocution vidéo.

Ces poursuites s’inscrivent dans un climat de répression croissante visant ceux qui sont perçus comme des adversaires du Kremlin, qu’il s’agisse d’ONG, de médias indépendants ou du mouvement de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, interdit en juin pour “extrémisme”.

Les poursuites contre Mémorial International, qui jouit d’un grand prestige en Occident, ont suscité une vague d’indignation, notamment à l’étranger.

Fondée en 1989 par des dissidents soviétiques, dont le prix Nobel de la Paix Andreï Sakharov, Mémorial s’était donnée pour mission de faire la lumière sur le Goulag et les crimes de l’Union soviétique. Après la fin de l’URSS, elle s’est également engagée dans la défense des droits humains.

Lors des deux guerres de Tchétchénie, elle s’est illustrée en documentant les exactions des forces russes et leurs alliés tchétchènes.

En 2009, Natalia Estemirova, responsable de l’ONG dans cette région du Caucase, avait été assassinée. Le crime n’a jamais été élucidé.

Les partisans de l’ONG considèrent que le pouvoir poutinien veut supprimer Mémorial pour passer sous silence l’histoire des répressions soviétiques car le Kremlin a plus à coeur de célébrer l’héritage de l’héroïsme de l’URSS face aux nazis que celui de la mémoire des millions de victimes de Staline.

L’ONG accuse les autorités de compliquer son travail, en limitant l’accès aux archives et aux identités des exécutants des purges soviétiques.

Mémorial accuse aussi le pouvoir d’avoir monté de toute pièce une affaire d’agression sexuelle contre l’un de ses historiens, Iouri Dmitriev, condamné cette semaine à 15 ans de prison, afin de le punir pour ses recherches sur la terreur stalinienne.

afp

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