Le président somalien a annoncé samedi soir qu’il retirait à son Premier ministre la charge d’organiser les élections, longuement attendues et à l’origine d’une grave crise institutionnelle, celui-ci ayant “failli” à ses responsabilités.
Les tensions entre le président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, et son Premier ministre, Mohamed Hussein Roble, sont récurrentes et cette décision pourrait déclencher une nouvelle escalade au sommet de cet Etat instable de la Corne de l’Afrique.
“Le Premier ministre a failli à s’acquitter de son devoir de mener une élection qui soit basée sur l’accord du 17 septembre 2020”, a déclaré dans un communiqué Farmajo, à propos de cet accord signé il y a plus de 15 mois et qui devait servir de ligne directrice au scrutin.
Le président appelle à la tenue d’une conférence consultative, réunissant le gouvernement fédéral, les Etats somaliens et les autorités de la capitale Mogadiscio, pour sélectionner “un leadership compétent” qui mène à bien le processus électoral, qui inclut l’élection des représentants des chambres haute et basse du Parlement ainsi que celle du président.
Cette décision est intervenue quelques heures après le limogeage du président de la commission électorale, que ce dernier a contesté.
Président depuis 2017, Farmajo a vu son mandat expirer le 8 février sans avoir pu s’entendre avec les dirigeants régionaux sur l’organisation des élections, régies en Somalie par un système électoral complexe et indirect.
L’annonce mi-avril de la prolongation de son mandat pour deux ans avait provoqué des affrontements armés à Mogadiscio.
Dans un geste d’apaisement, Farmajo avait chargé M. Roble d’organiser les élections. Mais dans les mois qui ont suivi, les tensions entre les deux hommes ont perduré et leur bras de fer a culminé le 16 septembre avec l’annonce par le chef de l’Etat de la suspension des pouvoirs exécutifs du Premier ministre, décision rejetée par ce dernier.
Farmajo et Roble ont finalement accepté d’enterrer la hache de guerre fin octobre, lançant un appel commun à accélérer le processus électoral.
Les élections pour la chambre haute sont terminées dans tous les États, à l’exception de Galmudug, et les votes ont commencé début novembre pour la chambre basse.
Mais la désignation d’un président, quelque dix mois après la fin du mandat de Farmajo, semble encore lointaine.
De nombreux observateurs estiment que la crise au sommet de l’Etat et l’impasse électorale détournent l’attention de problèmes plus importants de la Somalie, comme l’insurrection shebab qui secoue le pays depuis 2007.
Bien qu’évincés de Mogadiscio par la force de l’Union africaine (Amisom) en 2011, les shebab contrôlent de vastes zones rurales et mènent régulièrement des attentats dans la capitale.
afp