Quatre personnes dont un bébé ont été tuées et au moins 12 blessées lundi à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), lors d’une journée d’action “ville morte” déclenchée pour protester contre la criminalité, a-t-on appris auprès des autorités et de source hospitalière.
Les manifestants protestaient aussi contre la supposée présence de policiers rwandais à Goma, fermement démentie par les autorités.
Des manifestants ont envahi tôt le matin des artères principales du chef-lieu de la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda, enflammant des pneus et dressant des barrages de pierres sur la chaussée, a constaté un correspondant de l’AFP.
La police a tiré à balles réelles et fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule.
“Deux agents des forces de l’ordre ont été tués et deux blessés grièvement”, a annoncé devant la presse le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire de la province, la police accusant des manifestants d’avoir dérobé au moins trois armes aux forces de l’ordre.
“Ces actes ne resterons pas impunis”, a assuré le général Ekenge.
Un chef de quartier et une source policière ayant requis l’anonymat ont de leur côté indiqué qu’un manifestant, un motard, avait été tué par balle.
Et “ici à l’hôpital, nous avons enregistré 12 blessés et un mort, un enfant de moins d’une année qui a reçu une balle alors qu’il était au dos de sa mère, qui a été blessée”, a également indiqué Serge Kilumbiro, gestionnaire de l’hôpital CBCA du quartier Ndosho.
L’activité de la ville est restée paralysée toute la journée, avec rues barricadées, boutiques, banques, écoles et marché central fermés.
Des mouvements de jeunes de Goma avaient appelé à une journée “ville morte” lundi, pour protester contre “la criminalité grandissante”.
Plusieurs incidents violents ont eu lieu ces dernières semaines, notamment la mort d’un cambiste le 14 décembre et un braquage qui a fait deux morts et plusieurs blessés le 16.
– “Qu’est-ce qu’on nous cache? ” –
Ils demandent notamment que soient “évalués sans complaisance” les effets de l’état de siège décrété début mai dans la province du Nord-Kivu et celle voisine de l’Ituri pour tenter de mettre fin aux violences des groupes armés qui écument l’est du pays depuis plus d’un quart de siècle.
Mais ils disent aussi “s’opposer catégoriquement à l’entrée de la police rwandaise dans la ville de Goma”, comme a pu le laisser croire un mémorandum d’entente signé en début de semaine dernière à Kigali par les polices du Rwanda et de RDC pour une meilleure coopération transfrontalière afin de lutter contre divers trafics.
“Nous n’allons pas cautionner l’arrivée de la police rwandaise à Goma. Qu’est-ce qu’on nous cache?”, déclarait à Ndosho un manifestant, Paluku Issa. “Qui a oublié que l’armée rwandaise était derrière les rebelles ici? On se moque de nous!”, a lancé un autre, Jemba Uchu.
Il n’est pas question que des policiers rwandais viennent faire du maintien de l’ordre à Goma, “c’est du mensonge sur toute la ligne”, avait assuré samedi à Kinshasa le commissaire général de la police nationale congolaise, le général Dieudonné Amuli Bahigwa.
“Par quelle magie les policiers rwandais seraient arrivés ici?”, a également interrogé lundi le général Ekenge, en déplorant “l’intoxication et la manipulation” autour de l’accord conclu à Kigali.
afp