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Les soldats français rétrocèdent le camp de Tombouctou à l’armée malienne

La force antijihadiste française Barkhane a rendu mardi le camp de Tombouctou à l’armée malienne après presque neuf ans de présence ininterrompue dans cette emprise du nord du Mali, ont constaté des correspondants de l’AFP.

Le drapeau français a été ramené et le drapeau malien hissé à sa place sur la base, devant un petit comité de soldats français et maliens et d’autorités locales et onusiennes.

Le général français Etienne du Peyroux, chef de l’opération Barkhane au Mali, a échangé une franche poignée de mains avec le nouveau commandant malien du camp. Il lui a symboliquement offert une large clé en bois, sous le vol à basse altitude d’un avion militaire français.

Environ 150 soldats français restaient présents à Tombouctou depuis un début de retrait français en avril 2013.

“Pour nous, c’est une page qui se tourne. Mais la mission continue. Mes soldats et moi allons continuer notre mission au Mali”, a déclaré à la presse le capitaine Florian, qui commandait la base avant la passation.

La France “sera présente autrement”, a affirmé le général du Peyroux, ajoutant que “c’est finalement le but de l’opération Barkhane: de permettre au Mali de prendre son destin en main (…) mais toujours avec du partenariat”.

Le nouveau commandant malien n’a pas pris la parole.

Le départ définitif des soldats français représente un tournant. Après Kidal et Tessalit, Barkhane achève son désengagement d’une partie du nord du Mali, conformément à la réorganisation du dispositif annoncée en juin, qui va de pair avec une réduction graduelle des effectifs au Sahel.

C’est aussi à Tombouctou, cité sainte de l’islam inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, que le président François Hollande avait officialisé le début de l’intervention française le 2 février 2013.

La journée avait été triomphale pour M. Hollande et son homologue malien à l’époque, Dioncounda Traoré, témoins de scènes de liesse saluant la fin de huit mois de joug jihadiste. M. Hollande a qualifié ces instants de “plus beau jour de (sa) vie politique”.

Presque neuf ans plus tard, les groupes jihadistes se sont propagés et regroupés sous la coupe des nébuleuses mondiales Al-Qaïda et l’organisation du groupe Etat islamique. Ils ont étendu leur influence aux Niger et Burkina Faso voisins.

Leur présence, selon un rapport du think-thank International Crisis Group, est “hégémonique” dans de larges territoires du nord et du centre du Mali.

Entre Tombouctou, Kidal et Tessalit, ce sont 425 soldats français qui ont été désengagés des trois bases. Les effectifs français au Sahel vont passer “d’environ 5.000 militaires à l’été 2021” à “environ 3.000 à l’été 2022”, selon le général Laurent Michon, commandant de Barkhane. De nouvelles réductions auront lieu d’ici 2023.

La France tente de réinventer son engagement dans la région, mettant l’accent sur une internationalisation de l’effort militaire en impliquant davantage ses alliés européens.

Elle mise aussi sur la montée en puissance des armées locales, qui restent sous-équipées et sous-formées malgré huit ans d’entraînement prodigué par les partenaires internationaux.

Cette réarticulation s’opère dans un contexte politique tendu: les relations entre Paris et Bamako se sont crispées depuis le double coup d’Etat au Mali (août 2020 puis mai 2021) et Barkhane fait face à une hostilité grandissante dans la zone.

A côté du désormais ex-camp français est installé un large camp de l’ONU avec plusieurs milliers de Casques bleus. Une base aérienne malienne doit remplacer l’emprise française.

afp

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