Des Camerounais continuent de quitter la ville de Kousseri pour se réfugier au Tchad voisin, après des affrontements inter-communautaires qui ont fait selon le Haut-commissariat pour les réfugiés, 22 morts et une trentaine de blessés. Des heurts entre bergers et les pécheurs qui ne s’entendent pas sur la gestion et l’utilisation de l’eau ont éclaté le 5 décembre dernier à Kousseri, entraînant le départ de plus de 30 000 personnes vers le Tchad.
“C’est regrettable parce que ce sont des personnes qui ont vécu ensemble, a notre grande surprise, il y a conflit”, explique Jacqueline Halmata. “On est gênés, même de l’autre côté, on est dérangé puisque nous sommes envahis par nos parents”.
Depuis jeudi dernier, des militaires ont été déployés dans les rues de Kousseri pour éviter de nouveaux affrontements. Mais la tension reste perceptible dans les rues, notamment au marché des vivres et du bétail incendies pendant les batailles entre la communauté Mousgoum composée de pêcheurs et des Arabes Choua, éleveurs depuis des millénaires. Les populations restent terrées chez elles, difficile de trouver de quoi se mettre sous la dent.
“Même de quoi manger, la population n’en a pas”, continue Ousmane Bouba. “On les ravitaille comme cela avec du pain qui sort de l’autre côté au Tchad. On vient les vendre ici et nous repartons toujours de l’autre côté là-bas pour leurs besoins”.
Le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord est descendu sur le terrain pour tenter de calmer les tensions avant de se rendre auprès des blesses dans les hôpitaux de Kousseri. De sources médicales, ces personnes ont été blessées avec des armes à feu traditionnelles, des flèches et certains ont reçu des coups de couteaux.
“Il faut le dire, la situation se normalise davantage et les uns et les autres s’acceptent, reviennent à la raison et implémentent les directives du chef de l’État à savoir le vouloir vivre ensemble comme nous l’avons dit à la veille d’un événement aussi important que la CAN que nous allons accueillir”, déclare Midjiyawa Bakary, le Gouverneur de l’Extrême-Nord.
En août dernier, 45 personnes avaient été tues et plusieurs dizaines d’hommes blessés dans des affrontements similaires entre pécheurs et éleveurs dans les régions de l’Extrême-Nord. Plus de 20 000 Camerounais avaient trouvé refuge au Tchad et 8 500 n’étaient pas encore rentré selon le HCR lorsque de nouveaux heurts ont éclaté.
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