Financer l’armée, éviter un défaut de paiement et la paralysie du gouvernement: les parlementaires américains sont de retour lundi à Washington avant les fêtes avec un agenda des plus chargés, qui promet des batailles politiques épiques sur la colline du Capitole.
Le Congrès a d’ici vendredi pour s’entendre sur un nouveau budget s’il veut éviter la paralysie des services fédéraux, surnommée “shutdown”.
Si les élus ne se mettent pas d’accord avant cette date, les financements de l’Etat fédéral seront soudainement coupés.
Ministères mais aussi parcs nationaux, certains musées et une multitude d’organismes seraient affectés, forçant des centaines de milliers d’employés au chômage technique.
Les parlementaires, soucieux de ne pas gâcher la fête à tous ces Américains, pourraient décider de voter en milieu de semaine une loi temporaire de quelques jours afin de repousser l’échéance pour un vaste accord sur le budget 2022.
Il y a urgence.
– Pression politique –
Car en parallèle, une autre mission tout aussi cruciale incombe aux élus du Congrès: ils doivent relever d’ici le 15 décembre la capacité d’endettement des Etats-Unis s’ils veulent éviter le premier défaut souverain de la plus grande puissance économique mondiale.
Si le plafond de la dette n’est pas suspendu ou relevé d’ici cette date, les Etats-Unis pourraient se retrouver à court d’argent, une situation aux conséquences potentiellement catastrophiques que Wall Street et le reste de l’économie mondiale surveillent de près.
Les Etats-Unis, qui comme toutes les grandes économies ou presque vivent à crédit depuis des décennies pour ce qui concerne la dépense publique, ont déjà relevé à de multiples reprises ce fameux “plafond”.
Mais les républicains ont commencé pendant la présidence Obama à faire de cette procédure législative de routine un instrument de pression politique.
Ils refusent cette fois de donner le feu vert à une suspension de la limite d’endettement, qui reviendrait selon eux à faire un chèque en blanc à Joe Biden.
Et exhortent les démocrates à l’approuver seuls, à travers une manœuvre parlementaire laborieuse, accusant les démocrates de contribuer à une inflation record à laquelle les Américains sont très sensibles en période des achats de Noël.
– Pas de cadeau –
Les démocrates refusent pour l’instant de s’engouffrer dans cette brèche, mais le temps presse. Car en plus de ces chantiers, les élus doivent aussi s’accorder sur un budget distinct sur la défense. Là encore, les républicains ne comptent pas faire de cadeau aux démocrates.
Si les parlementaires arrivent à cocher toutes les cases de ce volumineux cahier des charges à temps, le Sénat pourra enfin se pencher sur le gigantesque volet social et écologique de Joe Biden, ce que la Maison Blanche attend avec impatience.
Elle compte sur l’adoption de ce projet de loi de 1.750 milliards de dollars, qui prévoit notamment l’école maternelle pour tous et une profonde amélioration de la couverture maladie, pour donner un nouvel élan à la présidence du septuagénaire.
“Je peux vous assurer que nous travaillons à toute vitesse pour que cela se concrétise et nous attendons des résultats dans les semaines à venir”, a indiqué lundi sa porte-parole, Jen Psaki.
Joe Biden, dont la cote de popularité dégringole, espère savourer ce cadeau juste à temps pour les fêtes.