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Mali : la junte rétropédale sur les négociations avec les djihadistes

Le gouvernement malien a démenti jeudi soir avoir mandaté qui que ce soit pour négocier avec certains djihadistes, quelques jours après une annonce en ce sens par l’un de ses ministères.

“Le gouvernement informe l’opinion publique nationale et internationale qu’à ce jour, aucune organisation nationale ou internationale n’a été mandatée officiellement pour mener une telle activité”, selon un communiqué publié sur les réseaux sociaux. “Lorsque le gouvernement de la République du Mali jugera opportun d’ouvrir des négociations avec des groupes armés de quelque nature que ce soit, le peuple malien sera informé par les canaux appropriés”, ajoute-t-il.

Le gouvernement affirme avoir appris “par voie de presse” que l’Etat aurait ouvert des négociations avec des chefs djihadistes. Le ministère des Affaires religieuses a pourtant diffusé la semaine passée un communiqué indiquant qu’il avait été officiellement chargé du dossier du dialogue avec certains groupes djihadistes mandaté.

Structure de dialogue

Le ministre des Affaires religieuses, Mahamadou Koné, y était cité déclarant que ses services avaient été chargés d’une “mission de bons offices en direction des groupes armés radicaux”. Lui-même a chargé le Haut conseil islamique du Mali (HCIM) de la mise en œuvre “sur le terrain”, lors d’une rencontre le 12 octobre. Le HCIM est une structure de dialogue avec les autorités regroupant des chefs et des organisations religieuses.

Le compte Facebook du ministère affichait toujours jeudi soir des photos de la rencontre avec le HCIM et du ministre “expliquant” au Conseil les “missions des bons offices”. Le chef de cabinet du ministère, Dame Seck, avait indiqué à l’AFP qu’“administrativement il est clair désormais que c’est notre ministère qui a le dossier en main”.

Réalité des discussions

La réalité de discussions entre les autorités maliennes et certains groupes djihadistes ne fait pas de doute pour les experts depuis longtemps, avant même que l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé depuis par les militaires, ne reconnaisse en février 2020 l’existence de contacts. Mais la communication du ministère tranchait avec la discrétion observée sur le sujet par les autorités, même si la junte désormais au pouvoir et le gouvernement de transition qu’elle a installée se disent favorables au dialogue avec les djihadistes.

Un dialogue avec les djihadistes a jusqu’alors paru devoir concerner principalement les deux chefs djihadistes Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly et leurs groupes affiliés à Al-Qaïda, et non pas l’organisation Etat islamique. La France, principal allié du Mali, a toujours refusé ce dialogue.

Les relations entre Bamako et Paris traversent leur plus grave crise depuis le début de l’engagement français en 2013. Le Premier ministre malien a dénoncé comme un “abandon en plein vol” la décision française de réduire ses effectifs au Sahel d’ici à 2023. Paris estime que le recours possible de Bamako à la société russe de mercenaires Wagner est incompatible avec la présence française.

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