Lundi 11 octobre, le président du Conseil souverain, le général Abdel Fattah al-Burhan a exigé la dissolution du gouvernement. En théorie, il n’en a pas le pouvoir, c’est au Premier ministre Abdalla Hamdok que revient une telle décision. Mais cette déclaration met de l’huile sur le feu alors que le ton monte encore un peu plus chaque jour entre civils et militaires qui se partagent le pouvoir.
Trois semaines après la tentative déjouée de coup d’État fomentée selon les autorités par des soutiens du régime d’Omar el-Béchir, le processus de transition soudanais est plongé dans une crise politique sans précédent.
Depuis le 21 septembre dernier et la tentative de putsch manqué, les militaires au pouvoir multiplient les attaques contre le gouvernement civil. S’adressant lundi à une foule de soldats, le général al-Burhan a estimé que l’armée est la seule force crédible à même de protéger la transition soudanaise.
De leur côté, les civils considèrent que l’armée cherche à saboter toutes tentatives de réformes. Ils appellent à une refonte intégrale des forces de sécurité et accuse les généraux de ne pas respecter le document constitutionnel signé en août 2019.
Le problème, c’est que cette guerre des mots se déroule sur fond de crise dans l’Est du pays. À Port-Soudan, des centaines de manifestants de la tribu des Beja bloquent depuis près d’un mois, les installations portuaires. Plus d’importations, Plus d’exportations, une situation qui aggrave d’autant plus les pénuries déjà quotidiennes. Lundi, à Khartoum, il n’y avait quasiment plus de pain dans les boulangeries, car les stocks de blé ont été écoulés.
La transition soudanaise pourrait bien dérailler. Ce sont les mots inquiets de Volker Perthes, le représentant de l’UNITAMS, la mission de l’ONU pour la transition au Soudan. Le médiateur des Nations Unies estime que les semaines qui viennent vont être déterminantes.
rfi